samedi 27 août 2011

Sao Paulo 19 Aout


Vendredi 19 aout. Sao Paulo. 13h00.

Elisa pousse le petit portail bleu de son enfance. Nous voici chez les Fingermann. Cet endroit fait partie de mes maisons refuges, de la même famille que la casita azul et la cazinha laranja. Je suis heureuse de revoir les parents d'Elisa, d'admirer le magnifique atelier de son pére, d'entendre la mélodie bresilienne qui transparait dans le francais de sa mére. Encore une fois tout me semble si familier. Je commence à me dire que mon voyage n'a pas vraiment commencé. Ces quelques jours à Sao Paulo me permettent une transition en douceur, un sympathique prélude.
Sur la table, une farandole de couleurs et une bonne nouvelle pour ma gourmadise désormais légendaire au Bresil : enfin je peux manger du poisson. Buenos Aires n'est pas le meilleur endroit du monde au niveau variétés culinaires. J'oublie donc vite mes surgelés de célibataire et les portions titanesques de viande. Je fais la délicieuse découverte d'une purée de mandioquinha, sorte de manioc, pour le plus grand plaisir de mes papilles. S'il y a une chose qui m'a toujours étonnée au Bresil, ce sont les découvertes gustatives. Parfois s'assoir à table n'est que le début d'une grande expédition culinaire, une véritable exploration gastronomique. C'est une expérience enrichissante, et souvent agréable, quand un goût n'est comparable avec aucun autre connu. Parfois même la texture peut surprendre. Impossible de dire "on dirait du poulet" ou" ça me fait penser à tel plat" c'est tout simplement nouveau, une inforamtion inédite dans notre banque de données. C'est alors qu'on se rend compte que le voyage n'est qu'un superbe apprentissage, qu'il nous redonne notre position d'enfant face au monde, magnifique leçon d’humilité pour notre savoir. A table, je ne suis donc qu'un heureux bébé avec un bon coup de fourchette.
Après manger nous allons voir l'exposition: Bom Retiro e Luz, 1976-2011 au centre culturel juif. Y sont exposées en grand format de belles photos en noir et blanc de Bob Wolfenson et Marelene Bregramo ainsi que celles de Cristiano Mascaro, ami du père d'Elisa et grand coup de coeur photographique. On y découvre les anciens quartiers juifs Bom Retiro et Luz, les visages de rabins côtoyant les portraits de Coréens, d’Italiens et de Boliviens. Des instantanés des années 70 et de leur dictature, quelques moments de vie quotidienne talentueusement volés à la Depardon. Je regrette de ne pas avoir pris mon bien-aimé Nikon, trop lourd et source de trop grandes dépenses, une décision de edernièr minute douloureuse mais nécessaire pour ce genre de voyage.
Puis je me sépare d'Elisa qui va donner son cours de francais pour acheter mes billets de bus pour Campo Grande. Je me retrouve donc dans le très pratique metro de Sao Paulo. J'observe la multitude qui tangue à chaque virage. Une palette de visages tous aussi différents les uns que les autres mais tous si brésiliens. Sao Paulo, ville cosmopolite. Toutes les couleurs de peaux, types de cheveux, formes et couleurs d'yeux partagent le même wagon. Belle histoire de métissage.
Une fois mes billets en poche (l'opération m'aura fait parcourir des kilomètres de rames de metro m'étant trompée de gare routière) je sens comme on dit ici "um frio na barriga" -un froid dans le ventre- dimanche à 23 heures 20 je me mets en route pour ma première aventure en sac a dos.
Le soir je retrouve deux amies brésiliennes de Buenos Aires, Marina et Lara, ainsi que le groupe d'amis paulistes d'Elisa. Deux caipirinhas et me voilà engagée dans de grandes conversations aussi bien politiques que religieuses et culturelles... en portugais! Je constate alors que je suis assez à l'aise avec cette langue bien que je ne l'aie jamais étudiée. J'apprends sur le terrain, ma méthode préférée. Seul hic, les temps des verbes... c'est peut-être une bonne chose, je vais devoir vivre ce voyage au jour le jour, ancrée dans le présent, ne pouvant tout simplement pas parler au passé ni au futur... a méditer !
Vers 01h00 direction la boîte de nuit Estudio M (rua Pedroso de Moraes) pour la fête Talco Bell, musique soul et un sol recouvert de talc. Rires et déhanchements en tout genre garantis jusqu'au petit matin.







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