jeudi 22 septembre 2011

Pocone chez Barbara

Vendredi 9 Septembre. Poconé.

J’arrive sur la petite place centrale de Poconé vers 15h30. J’ai trois heures à tuer en attendant le retour de Barbara, partie mercredi à Cuiabà reprendre ses cours. Rapide visite de la Maison de la Culture qui collectionne modestement des objets quotidiens d’un passé encore très proche ainsi que tout un attirail de masques et de costumes utilisés pour les fêtes de village. Une pluie grise et rafraîchissante s’abat soudain sur l’église rose et fleurie. Je m’abrite en riant dans une petite épicerie ou les clients ont apparemment l’habitude de regarder assidûment des télés novela, assis sur des chaises en plastique jaune et indifférents à la pluie qui gicle sur le trottoir. Les propriétaires sont aux petits soins avec moi : gâteaux, cafés et autres attentions me sont proposés pour égayer mon attente, comme s’ils se sentaient responsables de la pluie qui me retient chez eux. Vers 16h30, les étudiants de la ville se réunissent à leur tour autour de la petite télévision en attendant le bus de 17h00 pour Cuiabà. Je me fonds si parfaitement dans la masse qu’une jeune étudiante en droit me rappelle à l’ordre pour me dépêcher de monter dans le bus quand celui-ci est sur le point de partir. Eclats de rire à nouveau ! Soudain je remarque une femme qui s’approche timidement de moi. Après quelques échanges de regards interrogateurs se concluant par un sourire, je charge mon imposant sac sur mes épaules et m’approche d’elle. Barbara est en retard et c’est sa mère qui est venue me chercher.
En un rien de temps je suis bien installée dans le salon de cette adorable famille. Je rencontre Gabrielly, la sœur de Barbara, qui s’empresse aussitôt de me montrer albums et DVD de ses quinze ans, âge charnière en Amérique latine, passage de l’âge de fille à celui de femme, et occasion de fêtes démesurées, copie des party-people américaines.
Barbara me propose de rester dans sa famille jusqu'à dimanche et de rentrer à Cuiabá en voiture avec elle pour m’économiser le voyage. Je passe donc le week-end en famille.
Comme promis nous rendons visite à Esterlito. Je rencontre enfin ce personnage tout sorti d’un film d’aventure à la Indiana Jones. Les photos de son glorieux passé de chasseur de panthères couvrent les murs de sa maison. L’esprit vif, une poigne d’acier et une gentillesse sans limite, Esterlito est tel que mon père me l’a décrit. Difficile de croire que cet homme si solide ait déjà fêté ses 81 ans. Sa femme s’empresse de me montrer de vieux clichés de son intrépide de mari. Anacondas, panthères, jacarés… Rien ne lui résiste. Véritable expert d’un Pantanal qu’il traite avec amour et respect, il me raconte nombre d’anecdotes sauvages, notamment celle où il perdit un bout de doigt entre les crocs d’un jacaré récalcitrant. Je reste là plus d’une heure à l’écouter, fascinée par l’homme autant que par ses histoires. Une formidable rencontre qui semble être d’une autre époque. Celle d’un Mato Grosso farouche et indompté. Je quitte Esterlito avec l’espoir de le revoir un jour. Qui sait, peut-être que notre prochaine rencontre se fera accompagnée d’une caméra…
Avant de partir pour Cuiabá nous nous rendons aux vingt-deux ans d’une cousine de Barbara. Un grand churasco est organisé pour l’occasion. L’ambiance est décontractée, les gens simples et accueillants. On essaye bien évidemment de me marier avec un garçon du coin. Au moment de partir, le grand-père de Barbara me sert les deux mains dans les siennes, ému et inquiet, m’avertissant des dangers du voyage et me souhaitant bonne route. Je suis encore une fois touchée par la générosité et la gentillesse de cette famille.

Lundi 12 septembre. Cuiabá.

Retour a Cuiabá, ville qui commence à m’être familière. J’entre-aperçois le temps d’une journée la vie cuiabenne de Barbara. Je me fonds dans la masse des étudiants de son université, sirote un jus devant une comédie romantique au cinéma, brûle des calories dans une salle de gym, me refais une beauté chez le coiffeur, puis enfile des talons échasses pour aller parader Praca Popular. J’ai l’impression d’être une étudiante d’échange. Décidément, ce voyage a bien des visages…

Mardi 13 septembre

Le temps m’échappe. La route m’appelle. Sur le quai de la gare routière j’enlace Barbara pour une dernière photo. Elle dit qu’elle et sa famille m’attendent. Tout un programme est déjà planifié pour ma prochaine visite. Au fond de moi je sais que je reviendrai, c’est écrit quelque part, JE l’ai écrit quelque part. Comment remercier ces gens, guides improvisés semés sur mon chemin comme des panneaux m’indiquant la route à prendre. Plus que jamais je me sens au milieu d’un carrefour grandiose. Je choisis ma route tout en sachant que je prendrai un jour la liberté de revenir pour en tenter une autre, voir reprendre la même puisqu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, comme dit le proverbe.
Le bus s’éloigne de Cuiabá. Dans vingt-six heures je serai à Porto Velho. Commencera alors la partie amazonienne de mon voyage… Et quel voyage !
1

1 et 2
 costumes Maison de la Culture


Ancienne Nourrice de Barbara
faisant des Bolo de queijo

Avec Gabrielly

Mere de Barbara avec la version
bresilienne du mate

Esterlito










L'universite de Cuiaba

2 commentaires:

  1. Super la photo avec tes talons ! Comment as tu fais après avoir chaussé les chaussures de marche super confortable ? Tu nous dépayses bien avec toutes ces jolies photos, tu suis ton père à la trace....ça donne vraiment envie d'y retourner j'attends celles de Belèm pour voir le changement..il y a si longtemps.
    Saudage Beijos Maï

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  2. que belleza Zoe! que sorpresa verte en medio del viaje tan hermosa de negro y con unos tacos taaan altos! jejej

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