lundi 5 septembre 2011

De Campo Grande à Cuiabá. 30 aout.

Lundi 3o aout. Campo Grande.

J’attrape de justesse le bus de 07h30 pour Cuiabá. Je me blottis dans mon siège, extenuée mais contente, je vais enfin pouvoir dormir. J’ai passée la nuit dernière dans un petit hôtel de gare routière à Campo Grande. Une nuit courte et mauvaise dans une chambre poussiéreuse aux murs trop minces et au plafond planté d’un ambitieux ventilateur qui se prenait pour un hélicoptère... Je suis cependant seule coupable de ce manque de sommeil, m’obligeant à terminer le texte du Pantanal pour rattraper mon retard. Je suis donc heureuse d’avoir devant moi une quinzaine d’heures de trajet pour recharger les batteries. Mais mon naïf caractère de solitaire n’avait juste pas pris en compte le facteur « autrui ». Je suis entourée de femmes d’un certain âge qui me font penser aux volées perruches du Pantanal, bien gentilles mais très bruyantes. Je suis à peine installée que l’une d’entre elle décide de me raconter ses problèmes de tyroïde. En portugais, bien sûr ! Je dois produire un incroyable effort de synthèse et d’imagination pour comprendre ce passionnant récit grâce aux quelques mots que j’arrive à déchiffrer derrière son accent impénétrable. Lâchement je profite d’une courte pause inespérée au beau milieu d’une phrase pour m’endormir profondément. Je ne saurai jamais qui, dans le bus, a eu droit à la suite de la novela, sa tragédie personnelle
Je fais l’impasse sur l’arrêt déjeuner. Quarante degrés à l’ombre sans même un soupçon brise, ça plombe l’appétit. Toute la communauté des perruches et le chauffeur sont donc très inquiets : qui peut refuser un buffet à volonté ? Malheureusement pour moi, la volière a l’âme généreuse et chaque perruche a fait provisions à mon intention. A peine le car s’est-il ébranlé à nouveau qu’elles cherchent à me gaver de beignets, de fruits, de viandes, de poissons, de fromage, de goiabada pour tout le reste du voyage… Cette fois je n’ai plus sommeil, mais je fais semblant de m’endormir pour échapper à cette compassion boulimique.
Heureusement, le bus se vide peu à peu au fur et à mesure des haltes et des étapes. Je peux bientôt coller mon front à la vitre et regarder défiler le paysage. Un nombre impressionnant de camions surchargés de cotons ou ne n’importe quoi se croisent à vive allure sur la route. Leur conduite est plutôt osée, pour ne pas dire dangereuse. Je m’étonne aussi de retrouver dans cette zone aride du Brésil des airs de Californie. La longue ligne droite goudronnée qui se perd dans un mirage et les tornades miniatures qui s’enroulent et se vrillent à travers les champs me font penser à cette bonne vieille route 66. Puis, quand à la nuit tombée je vois apparaitre au loin les lumières de Cuiabá, c’est l’image de Los Angeles aux début du Big Lebowski qui me saute aux yeux. Je me demande ce que je vais bien pouvoir trouver dans cette ville étrange dont j’ai tant entendu parler.

1 commentaire:

  1. Hello ! tu as bien de la chance qu"il fasse chaud ! car ici ce n'est pas la même chanson. Profite bisous

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